Pourquoi chanter des mantras d'invocation ?
Vous remarquerez que chaque classe de chant védique commence par des mantras d’invocation.
En Inde quelques soit l’événement, on commence toujours par la récitation de mantras d'invocation. Les marchants débutent leur journée de travail en invoquant les divinités avant d’ouvrir leurs échoppent, les enfants avant de commencer leur classe commencent par des invocations, au début des repas, au début d’un enseignement, au début des rituels quotidiens ou des célébrations, tout commence toujours par l’invocation.
Dans le cadre d’un enseignement, pour que notre étude soit efficace, il faut que notre concentration et notre environnement soit propice à l'apprentissage et que l'on mette de notre côté toutes les chances de réussir. Nous avons besoin de toutes nos ressources intérieures, toutes nos facultés pour que notre étude porte ses fruits.
Dans un cours de Yoga, vous commencerez la pratique par une mise en conscience de la posture, de l'assise, du souffle, un temps de recentrage et d'alignement.
Les mantras d'introduction ont ainsi deux fonctions, à savoir de nous recentrer et d'invoquer les forces qui vont permettre à notre étude d'être fructueuse.
D’abord on se recentre et on s’aligne. Quand on veut écouter une station radio, on commence par régler la fréquence jusqu'à avoir une bonne réception qui permette d'avoir un son clair. De la même manière quand on veut capter une information notre attention et notre disponibilité doivent être optimum.
Puis on se relie. Dans une invocation on trouve la notion de dévotion qui est une forme de posture. En occident cette notion peut être mal interprétée. Parfois associée à une soumission ou d’autre fois à un sentiment mielleux. Pourtant la dévotion est un sentiment très noble. Les anglais utilise le terme « a leap of faith » que l’on traduit maladroitement par un « acte de foi » mais qui pourrait aussi dire un saut vers l’inconnu. Il y a quelque chose de cet ordre où on se donne l’opportunité d’aller vers quelque chose qui nous semble étranger.
Pour chanter des mantras, il n’est pas nécessaire de déborder de dévotion, l’ouverture suffit et c’est l’expérience et la répétition qui goute par goute nous imprègne et nous font croitre dans ce sentiment. C’est comme quand on fait connaissance avec quelqu’un. Au début on apprend à se connaitre et peu à peu à se faire confiance jusqu’à ce que le lien soit évident.
La dévotion prend appuie sur deux piliers fondamentaux : l’amour et le respect.
Dans un couple, si on prend l’amour sans le respect on imagine assez facilement les abus que l’on peut rencontrer. Dans l’autre sens, si on prend le respect sans l’amour que reste-t-il du couple ?
Dans le lien entre l’enfant et la mère, si l’enfant a de l’amour pour son parent mais pas le respect, le chaos peut facilement s’installer.
Pour ma part, dans mes études, les enseignants qui m’ont le plus marqués sont ceux qui avaient une autorité naturelle qui s’appuyait sur une connaissance certaine, une pédagogie et un amour de la transmission. Il éveillait chez moi le sens de l’admiration et m’installait naturellement dans une posture d’amour et de respect. Je crois que nous avons tous rencontrés des gens passionnés mais incapable de communiquer leur savoir ou des personnes qui savaient très bien communiquer mais qui n’avait pas grand-chose à transmettre. Dans les deux cas, c’était le fiasco assuré. Quand on invoque, on se relie à une autorité dont on reconnait la valeur pour qu’elle nous aide avec cœur, humilité et ouverture d’esprit.
L’invocation permet de joindre le cœur et le mental dans une même direction. Et quand la dévotion est présente, l’attention est captivée. Alors l’enseignement se transforme en une rivière qui s’écoule de la source entre le professeur et l’élève.
Dans une invocation on va parfois faire appel à beaucoup de noms différents, qui sont autant de formes ou de représentations de forces cosmiques et de potentiels intrinsèques qui vont venir soutenir votre étude.